La Blague
Il y avait une fois de « bonnes personnes » qui ne faisaient jamais rien de mal. Même quand ils décidaient d’occuper les autres pays ils le faisaient dans une manière à tout à fait différente ; ils ne violaient pas les droits de l’homme et ils respectaient la population locale.
Non, il ne s’agit pas de la trame d’un roman de science-fiction; il s’agit plutôt de l’idée que une grande partie de la population italienne a de son histoire coloniale et de la version qui a été enseignée aux étudiants pour plusieurs années. Dans la mémoire collective des italiens Rome n’a jamais été considérée coupable pour sa violence coloniale comme les autres pays et le colonialisme italien a été représenté comme quelques chose plus humaine que la domination anglaise ou française. Ce bizarre argument sort aussi quand on parle de la deuxième guerre mondiale et on doit comparer les crimes nazis avec les actes du régime fasciste. Dans ce cas on remarque comme les italiens auraient agis « différemment » par leurs mauvais alliés et ils n’auraient aucune responsabilité dans l’ensemble des crimes commis par cette alliance. Après la guerre le pays a cherché de se réfugier dans le réconfortant stéréotype du « bon italien » (Italiani brava gente) et la page noire de l’ histoire coloniale a été tournée.
Pas question de parler des massacres de civils en Lybie, ou des exécutions sommaires en Grèce ou encore des bombardements contre la population en Yougoslavie. L’emploi du gaz asphyxiant contre les soldats éthiopiens a été rarement mentionné pendant les dernières années et beaucoup d’italiens encore croient que la mise en place des lois raciales contre les juifs aurait été décidé à cause de la pression nazi plutôt que par une initiative individuelle du régime fasciste. Un documentaire de la BBC sur les crimes italiens (The Fascist legacy) produit au 1989 a été censuré pour quinze ans par la télévision nationale (La RAI) et dans les écoles secondaires on n’a pas considéré beaucoup ces évènements. Ça fait seulement quelques années que on a commencé à parler de cette page noire de l’histoire italienne, mais le débat semble rester trop confiné à l’intérieur du monde académique et l’image du « bon italien » est encore très forte.
Pas de surprise donc si pendant la journée de la mémoire des victimes de l’holocauste, le 27 Janvier, Silvio Berlusconi n’a eu aucun problème à dire que « la responsabilité des italiens n’était pas si grave que celle des allemands » et que le régime fasciste avait fait « beaucoup de bonnes choses ». Il ne s’agit pas seulement de sympathie fasciste, il s’agit de une conception erronée de l’histoire nationale encore très diffusée dans le pays.
Presque 60 ans après la fin de la guerre mondiale l’Allemagne a rendu compte de ses responsabilités historiques dans l’holocauste. La France aussi a commencé à réfléchir sur son histoire coloniale et sur le rôle des collaborationnistes français dans le génocide antisémite. L’Italie au contraire continue à se prélasser avec la blague d’avoir été différente.
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