Un an après son début le  le printemps arabe est au point. Guerres civiles, régimes autoritaires, la stabilisation des pays arabes a du mal à être réalisée; est-ce que la rêve a déjà terminé ? On en a parlé avec deux experts du Moyen-Orient; Andrea Teti, professeur d'études politiques à l’Université de Aberdeen et avec Aurora Sottiomano, Fellow au Centre of Syrian Studies de l'Université de St.Andrews et Rechercheur au Orient Institute de Beyrouth.

1)  Un an après son début le printemps arabe semble qu'il n'y ait pas fait de progrès. C'est vrai ça selon Vous et pourquoi?

Professeur Andrea Teti
Il n' y a plus l'attention des médias qu'il y avait au 2011, mais les luttes pour le changement au Moyen-Orient vont continuer. En Tunisie, on a un processus de changement qui semblait impossible jusqu'à la fin de 2010. En Égypte, l'armée est toujours là, mais il s'agit de un contrôle  précaire qui dépend de l'alliance avec les Frères musulmans. Dans tout cas les questions à la base de la révolution ( la corruption, la justice sociale, l'abus  de la police) ne sont pas disparues et ces événements doivent être jugés à long terme, sans optimisme ou pessimisme. Au 1848, des forces libérales et démocratiques en Europe avaient été battues, mais cent ans après on a eu une Europe très différente de celui que on avait vue après la restauration .
      
Professeur Aurora Sottimano
«Printemps arabe» est un mot forgé au Ouest, un mot qui semble décrire les émeutes, les guerres civiles et les conflits comme un phénomène internationale identique  dans tous les pays seulement parce que ils sont  «arabes». Maintenant on peut dire que les soulèvements populaires sont «épuisés», il s'agissait de un phénomène  populaire spontané qui ne pouvait pas durer longtemps et qui a été écrasé par la force Mais il faut se rappeler que les problèmes politiques et économiques et les contradictions qui ont donné lieu à tout ça ne sont pas disparus. Il est encore trop tôt pour juger les résultats de ces événements.

2) A votre avis quelle est l'aspect le plus positif de ce phénomène et quel le plus négatif?

Professeur Andrea Teti
Qui connait le Moyen-Orient sait bien que historiquement on avait déjà cherché dans plusieurs pays de changer la situation mais ces  avaient systématiquement frustrés  grâce aux interventions de forces extérieures ou à des coups d’État  (comme en Iran et en Irak). Dans tout cas  le «printemps arabe» démontre clairement que le désir de justice sociale ainsi que juridique et le désir de rejeter l'autoritarisme et la corruption sont toujours forts au Moyen-Orient. Plutôt il faudrait aussi se-rappeler que la communauté internationale n'a pas trop supporté le printemps arabe; au 1989 pendant les révoltes dans l'Europe de l'est son soutien avait été plus fort.

Professeur Aurora Sottimano
Je crois  que les émeutes ont montré que, lorsque les classes dirigeantes sont autoritaires et corrompues et l'opposition n'a aucune visibilité,  l'initiative politique peut (ou doit) être pris par les citoyens. Il a été une leçon de démocratie qui va rester, même si elle n'a pas apporté la démocratie dans les pays du Moyen-Orient. On pourrait expliquer ça avec les limites objectives des émeutes, il s'agissait de un soulèvement populaire spontané (qui manquait d'organisation et de leadership) et quand les émeutes sont terminés inévitablement on a vu le retour au status-quo. À mon avis un autre problème a été aussi la manque de « une idéologie » qui pouvait représenter le désir du changement  et une alternative à la mondialisation.

3) Souvent on a entendu dire que le printemps arabe n'a pas favorisé la modernisation des économies du Moyen-Orient, vous êtes d'accord?

Professeur Andrea Teti
Quand on parle de réformer l'économie il ne faut pas oublier la leçon de la Seconde Guerre mondiale : on ne peut pas avoir de la croissance tirée par la demande intérieure si on ne réparti pas la richesse dans une façon équilibrée. Les pauvres et les précaires ne peuvent acheter rien, ni en Italie ni en Égypte ni en France!

Professeur Aurora Sottimano
Dire que la printemps arabe n'a pas favorisé les réformes économiques c'est la preuve que on n'a pas compris que une des causes des émeutes dans les pays arabes c'est le tentative de libéraliser les économies sans tenir compte de l' impact sur les citoyens les plus vulnérables. Qu'est ce que veut dire réformer l’économie?  Libéraliser l'économie au Moyen-Orient a signifié consolider les sujets politiques et affairistes qui avaient monopolisé le pouvoir (l'armée, les milices et les services de sécurité) et les ressources économiques. On peut simplifier en disant que les soulèvements populaires sont aussi une réponse à cette situation par ceux qui avaient bénéficié de l'ouverture de l'économie.

4) Quelles sont les perspectives pour les mouvements démocratiques? On peut s'attendre à encore  de surprises?

Professeur Andrea Teti
On n'a jamais eu une révolution sans la contre-révolution. La puissance de la contre-révolution pourrait nous faire mieux comprendre la force réelle de l'impact de ces émeutes sur le long terme. Quand on a une restauration le pouvoir cherche toujours de ne pas provoquer les masses, mais dans quelques cas ( au Bahreïn ou en Égypte par exemple) ça pourrait n'être pas facile à faire.

Professeur Aurora Sottimano
Pour réfléchir sur le future des mouvements démocratiques, nous devons nous demander 1) la démocratie, qu'est-ce que signifie ça? Est-ce qu'elle s'agit du droit de vote  (aux minorités aussi) ? Moins de burka et plus de mafia? La redistribution de la richesse nationale et les alliances internationales? Ils sont tous des éléments essentiels et interdépendants.
Vous demandez si on doit s'attendre des surprises? Bien sûr, les émeutes ont poussé un changement dans la vie sociale et politique des pays qui n’avaient jamais vécu quelques choses comme ça. Il s'agit de un changement radical pour le Moyen-Orient, même si on ne voit pas des conséquences immédiates. Il faudrait aussi se-poser une  question: Comment on fait vraiment une révolution au XXIe siècle?