L'avenir après la douleur

Quoi faire donc? Même s'il ne s'agit pas de une débâcle la défaite de l'UMP dans le premier tour des élections législatives en France pose la question sur le future du parti. Surtout il faut décider si adopter une nouvelle l'attitude avec  le FN et si continuer avec un renouvellement néolibéral ou se persévérer avec la tradition étatiste et gaulliste. Deux experts de politique française, le professeur Philippe Marlière de la University of London et le professeur Romain Pasquier Directeur de recherche au CNRS à Sciences-Po Rennes, nous ont aidé a analyser ce qui va passer dans le plus important parti de la droite française.

 

 

 

1  Avant les présidentielles on avait pensé que la défaite de la droite était rapportable à Nicholas Sarkozy et à sa personnalité. Sarkozy est parti avant les législatives mais l'UMP a perdu encore (il n'est plus le premier partie, il a seulement le 26,62%). Est-ce qu'on peut dire que l'UMP est vraiment entré en crise? Et si c'est ça est-ce que c'est la cause de cette crise est seulement l'économie ou il y a aussi d'autres raisons ?
 

Professeur Philippe Marlière

Oui, c’est vrai est le deuxième parti derrière le PS, mais son résultat n’est pas catastrophique. Il résiste même plutôt bien, et certainement mieux que ne le pensaient les dirigeants de l’UMP qui, dimanche, apparaissaient soulagés. Il est donc trop tôt pour parler de crise. C’est un parti qui a perdu une élection sur le rejet d’une personne – Nicolas Sarkozy – et sa politique – une politique favorisant les hauts revenus. Ce n’est pas un échec total de la droite parlementaire, dans le sens où le rejet de Sarkozy et de sa politique ne s’est pas accompagné d’un mouvement de soutien enthousiaste à l’encontre de François Hollande et du PS. Les électeurs savent gré à Hollande d’avoir calmé le jeu, de présider d’une manière plus sobre, de s’opposer – à tout le moins oralement – à la position austéritaire dure d’Angela Merkel ; d’avoir émis quelques « signaux sociaux » (e.g. retour partiel à la retraite à 60 ans ; revalorisation du Smic). Les électeurs ont davantage effectué un vote de rejet (du sarkozysme) que d’adhésion (à Hollande), car les contours de la politique du PS sont encore très indécis et beaucoup à gauche craignent la continuation des politiques d’austérité.

 

Professeur Romain Pasquier
La défaite de la droite aux législative est classique en France après une défaite aux présidentielles (depuis 1958 c'est toujours le cas). La défaite est là mais ce n'est pas non plus une grande victoire pour la gauche. la droite résiste bien dans le sud et l'est de la France. En revanche elle fortement sur le reculoir dans l'Ouest et le sud-ouest de la France.

 

2 La direction de l'UMP a adopté la position du « ni-ni » au second tour ou un candidat du PS défie un candidat du FN. Il y a des bruits selon lesquels plusieurs représentants de l'UMP seront favorables à un accord avec le FN parce que avec la ligne du «désistement républicain» on ferait seulement le jeu de la Gauche. Est-ce que on est proche à voir une nouvelle attitude de l'UMP avec le FN ? Peut-être une sorte de « dédouanement » du FN comme on avait fait Berlusconi en Italie avec le MSI de Fini au 1994 ou avec la Ligue Nord ?

 

 

Professeur Philippe Marlière

C’est l’un des grands enjeux de l’UMP post-Sarkozy. Va-t-elle continuer à se rapprocher du FN et faire des alliances électorales ou de désistement au niveau local et régional ? Certains ex-ministres et cadres y sont favorables (Nadine Moreno), d’autres farouchement opposés (Alain Juppé). Une partie de l’UMP - la « Droite populaire » soutient un rapprochement avec le FN, alors que la partie plus centriste (ex-UDF) y est contre. Les électeurs de l’UMP se sont droitisés. Une majorité serait, dans certains cas, favorables à des désistements avec des candidats du FN. Après la très droitière campagne présidentielle de Sarkozy, c’est une droitisation générale de l’UMP qui est en train de se réaliser. Notons que le FN reste aujourd’hui un parti d’extrême droite de facture classique (anti-immigrés, anti-islam, combattant sur les « valeurs »). On ne peut donc pas le comparer à l’ex-MSI de Gianfranco Fini, qui avait véritablement tourné le dos à son héritage fasciste et d’extrême droite. En France, c’est donc la droite parlementaire qui se déplace vers l’extrême droite et non l’inverse.

 

Professeur Romain Pasquier
La défaite de la droite aux législative est classique en France après une défaite aux présidentielles (depuis 1958 c'est toujours le cas). La défaite est là mais ce n'est pas non plus une grande victoire pour la gauche. la droite résiste bien dans le sud et l'est de la France. En revanche elle fortement sur le reculoir dans l'Ouest et le sud-ouest de la France.

 

3 On parle de une lutte dans l'UMP entre monsieur Copé, plus semblable à Nicholas Sarkozy et monsieur Fillon, qui incarnerait l' âme gaulliste du partie. Est-ce que cette lutte va se-perpétuer et qui a plus de chance de la gagner ?

 

Professeur Philippe Marlière
L’aile plus droitière (Copé, Guéant, Moreno), plus néolibérale et axant sa campagne sur les « cultural wars » à l’américaine semble pour le moment dominer dans le contexte de la droitisation générale de l’UMP. Comment les centristes (Raffarin) ou ex-chiraquiens (Juppé) vont-ils réagir ? Il est trop tôt pour le dire, mais un bataille idéologique et programmatique très dure va s’engager. Pour le moment l’aile droitière incarnée par Copé pourrait se sentir confortée par une défaite « honorable » aux élections législatives dimanche prochain.

 

Professeur Romain Pasquier
Difficile à dire mais une lutte de succession est effectivement engagée, elle durera jusqu'à la primaire à droite fin 2016 avant les élections présidentielles de 2017.

 

 

4  Edouard Balladur a dit que l'UMP est un parti trop étatiste et qu'il devrait faire des reformes libérales. Est-ce que les défaites pourraient encourager le parti à se-renouveler ou dans le future il faut s'attendre un succès de l' haie la plus étatiste ?

 

Professeur Philippe Marlière
 Le débat et le clivage existent au sein de l’UMP (Voir ma réponse précédente).Je crois que le point de vue « néolibéral » de Balladur n’est pas majoritaire dans le parti car même au sein de l’UMP, on n’est jamais totalement contre l’étatisme ! L’opposition droite-droite radicale dans l’UMP va plutôt se jouer sur les questions de société, les fameuses « cultural wars » à l’américaine (laïcité, islam, immigration, « assistanat », etc.). En fait, l’enjeu politique majeur est une possible « américanisation » de la droite française.

 

Professeur Romain Pasquier
La droite française est classiquement composée de trois familles : les centristes, les libéraux et les gaullistes. En France, à droite et à gauche les libéraux sont souvent minoritaires. la religion de l'Etat reste très forte en France

 

 


 

 

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