Un sujet fiable?
La guerre en Syrie propose encore une fois l'image de la Russie comme le défenseur de la souveraineté nationale contre l’ingérence occidentale. Mais grâce à cette stratégie Moscou risque de devenir un facteur d’instabilité dans la politique internationale, capable seulement de dire « non » aux propositions occidentales mais incapable d’arrêter les massacres perpétués par ses alliés. Avec Monsieur Niel Robinson, professeur de Sciences Politiques et expert de la Russie à l’Université de Limerick en Irlande on a cherché de mieux comprendre le rôle de la Moscou dans le monde.
1) Aux années quatre-vingt on a eu le génocide en Bosnie, aujourd'hui on a la Syrie, dans les deux cas la Russie s'oppose à l'interventionnisme occidental. La principale conséquence de ce comportement semble être la paralysie de toutes les initiatives diplomatiques et la poursuite des massacres. Est-ce qu'on peut dire que le rôle de la Russie n'apporte plus aucune stabilité?
Professeur Neil Robinson
On peut dire que Moscou ne contribue pas à la stabilité, mais ça ne serait pas leur point de vue. Ils croient que l'Occident, depuis la fin de la guerre froide, n'a pas respecté le droit international et le moment clé n'est pas la Bosnie pour les russes mais plutôt l'Irak. Dans leur point de vue c'est là que l'Ouest et les États-Unis sont devenus une menace pour la stabilité de l'ordre international en ignorant le droit international et en envahissant une nation souveraine pour des raisons fausses.
2) La Russie a toujours planifié sa politique étrangère en fonction de sa protection par une menace extérieure. Ce point de vue est aussi une des raisons pour laquelle on assiste souvent à la forte opposition russe contre l'élargissement de l'OTAN à l'Est. Mais aujourd’hui cette crainte paraît être exagérée parce que personne semble menacer la Russie. Est-ce qu'il fait encore du sens insister sur ce point de vue pour les russes?
Professeur Neil Robinson
Oui et non. Tous les États poursuivent une politique de protection contre les menaces externes et Moscou ne peut pas être critiquée pour ça. La protection contre la menace n'était pas vraiment la raison à la base de opposition Russe à l'élargissement de l'OTAN ; dans ce cas Moscou a réagi parce que on n'avait pas eu aucune renégociation globale de la sécurité en Europe après la guerre froide, puis encore l'expansion de l'OTAN n'a pas tenu compte des intérêts russes. Dans tout cas la Russie devrait fonder sa sécurité sur une analyse sérieuse de ce que vraiment sont les menaces contre Elle et ne devrait pas avoir peur de une invasion de l'Europe. Mais ça c'est la même chose pour l'Ouest aussi,. Est-ce qu'on a vraiment besoin de un bouclier anti-missile?
3) La Russie aime se présenter comme une grande puissance, mais elle ne semble pas être capable de jouer un rôle dans les grandes controverses internationales. Ça ne prouve pas selon Vous que Moscou n'est pas une grande puissance?
Professeur Neil Robinson
Oui, elle n'est pas une grande puissance et pour les russes savoir que leur pouvoir est limité est très frustrant. Mais à la fin qu'est-ce que veut dire être une grande puissance? Qui a vraiment la capacité de façonner le système international aujourd’hui?
4) Est-ce qu'il y a le risque pour la Russie que son soutien à la Syrie de Assad puisse affecter négativement son image dans le monde?
Professeur Neil Robinson
Oui, elle peut conditionner négativement l'image du pays dans l'Ouest, mais peut-être que pour la Russie ça ne représente pas un problème. Cette politique pourrait contribuer à améliorer ses relations avec la Chine ou avec quelques autres dictatures, donc à Moscou on pourrait penser que l'image négative au Ouest n'est pas grave.
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